20170605 – News : Pourquoi les jeunes musulmans deviennent de plus en plus religieux | Atlantico.fr

Des jeunes plus religieux : effet d’âge ou effet de génération?

Si ce sont les plus jeunes qui se tournent en masse vers la religion, on a du mal à savoir si l’on a affaire à un effet d’âge (ils sont jeunes, ça leur passera) ou un effet de génération (les nouvelles générations seront plus religieuses que les précédentes). Pour trancher, il faudrait pouvoir comparer les mêmes générations, à des dates différentes.

Un début de réponse est apporté par une comparaison avec les résultats de l’enquête MGIS plus ancienne (1992), sur une portion d’échantillon commun.

Cette enquête menée 16 ans plus tôt n’avait pu toucher que les enfants d’immigrés suffisamment nombreux et à des âges encore jeunes. Seuls avaient été enquêtés les enfants d’immigrés d’Algérie, d’Espagne et du Portugal âgés de 20-29 ans.

En France, en moyenne, et dans les populations d’origine européenne, la sécularisation a progressé au fil de la vie, mais aussi d’une génération à la suivante. Si l’on prend les Européens les plus attachés à la religion, ceux d’origine portugaise, ils le sont moins en 2008 qu’ils ne l’étaient en 1992. Les jeunes d’origine portugaise d’aujourd’hui sont aussi nettement moins portés sur la religion que leurs devanciers du même âge 16 ans plus tôt.

Ce n’est plus vrai des personnes nées en France d’origine algérienne. Les jeunes de 2008 n’ont plus rien à voir avec ceux de 1992. Ils sont deux fois moins nombreux à se déclarer sans religion, et même près de trois fois moins chez les jeunes femmes. Par contre, ceux qui sont nés en 1963-1972 sont encore, 16 ans plus tard, ce qu’ils ont été dans leur jeune âge en 1992. La sécularisation semble même avoir progressé chez les hommes nés en 1963-1972 de deux parents immigrés.

La désécularisation serait donc plutôt un effet de génération. Si tel est bien le cas, le faible niveau de sécularisation atteint parmi les jeunes adultes pourrait perdurer au cours de leur vie. Si l’on en croît Eric Kaufmann, «Les identités religieuses ont tendance à se cristalliser aux débuts de l’âge adulte et à persister tout au long de la vie»1. Ce n’est cependant pas vrai pour la sortie de la religion catholique qui a tendance à toucher tous les âges de la vie.

Le constat est le même pour les enfants de couples formés d’un immigré d’Algérie et d’un natif, mais à un niveau de sécularisation beaucoup plus élevé. Dans les années 1963-1972, les enfants nés de ces couples mixtes étaient les plus sécularisés de leur génération. L’alliance entre un ou une immigré(e) d’Algérie et une native ou un natif se traduisait donc par un abandon massif de la religion chez les enfants. Ce n’est plus aussi vrai aujourd’hui.

Les musulmans vivent plus souvent dans un environnement social difficile, et c’est aussi là que la pression sociale risque d’être la plus élevée. Parmi les 18-50 ans, on l’a vu, la proportion de musulmans est de 36% dans le contexte le plus défavorable (C2-), et de 4% dans l’environnement le plus favorable (C2 +). Nul doute que l’indicateur de contexte social donne également une idée de la pression sociale exercée par les musulmans sur leurs coreligionnaires.

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