20180404 – News : Aux Etats-Unis, une jeune femme ouvre le feu au siège de YouTube avant de se suicider

La police aux abords du siège de YouTube à San Bruno, le 3 avril. JUSTIN SULLIVAN / AFP

Trois personnes ont été blessées par balle. La jeune femme, très présente sur les réseaux sociaux, avait critiqué les nouvelles règles de monétisation de YouTube.

L’essentiel de l’information

  • Une femme a attaqué le siège de YouTube, mardi à San Bruno. Il s’agit de Nasim Aghdam, originaire de Californie du Sud.
  • Après avoir tiré plusieurs séries de coups de feu contre des employés, elle s’est donné la mort.
  • Trois blessés ont été transportés à l’hôpital.

Ce que l’on sait de l’attaque

Des coups de feu ont été entendus près du siège de YouTube, à San Bruno (Californie), mardi 3 avril vers 13 h 30 (22 h 30, heure de Paris). La police a confirmé la présence d’un tireur près du campus du groupe, filiale de Google. L’attaque s’est produite dans « une cour intérieure » où les employés déjeunent habituellement.

D’après un témoin indirect de la scène cité par la chaîne d’information CNN, « une femme a fait irruption au moment du déjeuner et a semblé tirer sur une personne en particulier ». Il ne s’agirait pas d’une fusillade visant un grand nombre de personnes, selon cette même source, qui a gardé l’anonymat.

Une employée de YouTube, qui a souhaité garder l’anonymat, a rapporté également sur CNN qu’elle se trouvait « en vidéoconférence » lorsque l’attaque est survenue. Elle a évoqué des gens qui « se sont soudainement mis à courir et à crier », ajoutant que les personnes présentes sur le campus se sont efforcées de quitter le bâtiment le plus vite possible.

Lajeana Thomson, qui travaille depuis deux mois comme hôtesse à la cafétéria du bâtiment principal du complexe – qui en compte cinq –, a assisté à la scène. La cuisinière de 35 ans partait pour sa pause-déjeuner quand elle a croisé la tireuse. Elle décrit au Monde une femme vêtue de noir et coiffée d’une casquette. Elle l’a vue sortir de son sac une arme et commencer à tirer sur le patio. Lajeana Thomson est partie en courant. Elle a entendu deux séries d’une dizaine de coups de feu : la tireuse « marchait tranquillement », précise-t-elle.

Les images diffusées par les télévisions américaines montrent des employés sortant les mains sur la tête et des voitures de police et de pompiers circulant autour du campus. Celui-ci se trouve au sud de San Francisco.

« Nous sommes en relation avec les autorités et nous fournirons les informations officielles quand elles seront disponibles », a tweeté Google Communication, qui conseille toutefois aux employés du secteur de se tenir à distance de la zone de l’attaque.

Le président Donald Trump a été informé de l’événement, a précisé la Maison Blanche. Il a adressé un message de soutien aux victimes et félicité la police sur son compte Twitter.

Ce que l’on sait de l’assaillante

Lors d’une conférence de presse, le chef de la police de San Bruno, Ed Barberini, a déclaré que, d’après les premiers éléments disponibles, l’assaillant était une femme, phénomène rarissime dans les fusillades aux Etats-Unis. Elle s’est donné la mort après avoir tiré sur des employés de YouTube. Il s’agit de Nasim Aghdam, originaire de Californie du Sud, ont confirmé deux sources officielles à l’agence Associated Press. La police a ainsi découvert sur les lieux le cadavre d’une femme « atteint de blessures par balles, [que celle-ci] semble s’être infligées elle-même ».

Selon les éléments qui ont pu être retrouvés par les médias américains avant d’être effacés par les plateformes, Nasim Aghdam avait une forte présence sur les réseaux sociaux, de Facebook à Instagram, sous des pseudonymes divers. Elle animait plusieurs chaînes sur YouTube. Elle avait été ulcérée par les changements annoncés le 20 février par la plateforme. Pour tenter de limiter le recours aux contenus extrémistes mais rentables en terme de « clics », YouTube avait décidé d’exclure certaines chaînes de son programme de partage des recettes publicitaires. Sur le site internet NasimeSabz.com figurent des messages concernant ses divers centres d’intérêt, entrecoupés de tirades contre YouTube qui y est, par exemple, accusé de ne pas partager avec suffisamment d’équité les recettes avec ceux qui créent des vidéos sur la plate-forme.

Les contenus postés par Nasim Aghdam vont des manifestes politiques aux photos de mode ou d’animaux. « Les dictatures existent dans tous les pays mais avec des tactiques différentes », avait-elle posté après le changement de politique à YouTube, dans un texte dénonçant à la fois les « manipulations de la science », les maltraitances envers les animaux, la « dégénérescence sexuelle » et se terminant par une citation de Hitler. Elle reprochait à de « nouveaux employés étroits d’esprit de YouTube » d’avoir commencé à filtrer le contenu de sa chaîne en farsi, dont une vidéo montrant des exercices de fitness. Elle posait des questions à son auditoire (quelque 5 000 personnes) : pour ce qui est de la liberté d’expression, « est-ce que l’Iran est mieux que les USA ou les USA mieux que l’Iran ? »

Mardi soir, Ismail Aghdam a déclaré que sa fille, qui devait avoir 38 ans mercredi, avait dit à sa famille, il y a quelques semaines, qu’« elle était en colère » parce que YouTube avait censuré ses vidéos et cessé de lui payer son contenu. Elle avait disparu depuis samedi et avait été repérée et contrôlée par la police de Mountain View [localité où est installé le siège de Google], qui l’avait trouvée endormie dans sa voiture. Shahran Aghdam, le frère de Nasim Aghdam, a expliqué que la famille, venue d’Iran, s’était installée en Californie en 1996 et que sa sœur, qui habitait chez sa grand-mère à San Diego, se plaignait en permanence de YouTube, qui lui avait « gâché la vie ».

Ce que l’on sait des victimes

Quatre personnes ont été blessées, selon la police locale.

Le porte-parole du San Francisco General Hospital a confirmé que trois patients avaient été pris en charge dans l’établissement : un homme de 36 ans, dans un état critique ; une femme de 32 ans, dans un état grave ; et une femme de 27 ans.

Signe de la panique qui s’est emparée des salariés au moment des tirs, la quatrième personne s’est blessée à la cheville en fuyant les lieux, a précisé la police.

La Silicon Valley sous le choc

L’attaque a suscité un choc dans la Silicon Valley. En décembre 2013, des manifestants s’en étaient pris aux navettes privées qui transportent les employés de San Francisco aux sièges des compagnies technologiques. Mais l’attaque de San Bruno est la première, à l’arme à feu, contre une entreprise de la Vallée. Et elle intervient à un moment de backlash sans précédent contre la Tech : de Facebook, accusée de s’être laissée instrumentaliser par les agents de la Russie à l’occasion de l’élection présidentielle de 2016, à Uber, dont l’une des voitures sans chauffeur a tué une piétonne début mars dans l’Arizona.

Le contrôle des armes, un débat national

Le débat sur les armes à feu aux Etats-Unis divise l’opinion publique, notamment après la tuerie commise dans une école à Parkland, en Floride, le 14 février, qui a fait 17 morts. Plus de 1,5 million de personnes ont participé, le 24 mars, aux Etats-Unis à la « March For Our Lives » demandant un plus grand contrôle des armes à feu. Ces rassemblements sont les plus importants dans le pays depuis au moins deux décennies.

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Source : Aux Etats-Unis, une jeune femme ouvre le feu au siège de YouTube avant de se suicider

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