ANTIDOTE EST UNE CHRONIQUE DE L’ÉMISSION LA VIE DEVANT SOI
Pour aller plus loin dans la construction de son couple, il est nécessaire d’oublier les clichés de la « femme-trophée » ou de « l’homme-trophée ». Isabelle : Alors Anne, aujourd’hui, c’est vendredi. Et le vendredi, on s’occupe de nos chéris !
Nos chéris, vos chéris, leurs chéris… : avec lesquels tout le monde composent dans la sphère sociale ou dans l’intimité. Parce que cette année, on va tenter d’aller un peu plus loin dans la construction (ou la consolidation) du couple. Aller pas à pas vers le « couple conscient » parce que « le couple conventionnel », hein, on a déjà bien donné, hein ? Comment peut-on être si seul parfois, en présence de l’autre ? hum ? On s’est déjà rendu compte des limites de ce schéma, à la suite de multiples échecs. Plus aucun des deux ne s’amusaient, donc vous avez créé des règles pour et êtes entrés dans une routine qui endort la créativité et l’invention. Puis les ressentiments ont fait leur apparition et chacun a commencé à croire que l’autre était la cause de son malheur et que pour cela, il fallait l’éviter !
Oui, à tous les niveaux, il est plus que temps de lâcher le modèle de la « femme-trophée » – celle qui a des mensurations parfaites, que vous remplacerez dès que l’obsolescence programmée aura fait son œuvre – ou de « l’homme-trophée » – celui qui a du pouvoir, qui est socialement reconnu et que vous dégagerez à la moindre faillite professionnelle. Oui parce qu’il va falloir faire le deuil de la perfection (qui n’existe pas je le rappelle) et surtout pas en amour et que la quête de la perfection repousse à jamais l’intimité amoureuse.
Ah bon bah d’accord. Oui, parce qu’un jour ou l’autre, dans la pénombre ou sous un néon qui clignote, à un moment donné, vous vous êtes mis à nu ou vous n’allez pas tarder à le faire, physiquement, j’entends. Et vous avez cru, naïvement que cela suffisait ou que cela suffirait. Dommage !
« Et mes fesses, tu les trouves comment mes fesses ? et ma bouche ? ». Vous vous souvenez forcément de cette scène magnifique tournée par Jean-Luc Godard et Brigitte Bardot dans « Le Mépris ». Sauf que là, Brigitte, en demandant à Paul comment il trouve ses chevilles, ses cuisses, ses fesses ouvre grand la porte au Mépris, mais surtout, au mépris de soi ! Oui, en posant ces questions, allongée, là, lascive, devant son amoureux, en accordant de la valeur à des critères esthétiques, notre BB nationale trébuche et se fourvoie allègrement dans le piège de la comparaison.
De la comparaison avec ce que l’on pense effectivement de notre corps. En sollicitant le jugement de l’autre sur – ce que je crois être – mes défauts, d’abord, je donne tout mon pouvoir à l’autre. Et ensuite, je révèle, une jolie part d’ombre de moi-même. Ma vanité ! Celle-ci conjuguée à l’orgueil, ne fera qu’augmenter la difficulté de se mettre à nu et ne fera que diminuer le plaisir de se dévêtir. Parce que pour être intime avec l’autre, il est mieux de commencer par cesser d’être en compétition avec soi-même. Sinon, ça fait un peu trop de monde sur le terrain.
Alors oui, l’intimité, on l’envie, quand on la voit chez d’autres.., mais au fond, on la redoute ! Parce que « choisir l’intimité » comme le dit Boris Cyrulnik, c’est accepter d’être vulnérable, et donc parfois, d’être désemparé. C’est accepter de mettre son corps à nu, mais aussi et surtout, c’est mettre son cœur à nu ! Affronter sa peur de l’intimité, c ’est accepter d’être dérouté par la rencontre.
Source : Abandonner les clichés pour aller plus loin dans son couple