Le ronflement implique une mauvaise circulation de l’air dans les voies respiratoires. — WIDMANN / TPH / SIPA
On estime qu’environ 10 millions de Français ronflent la nuit.
Si le ronfleur ne s’entend pas, son compagnon ou compagne en revanche peut voir ses nuits gâchés par ce bruit assourdissant.
Les rayons de pharmacies proposent aujourd’hui quantité de produits pour le réduire. Voici quelques conseils pour bien choisir en fonction de son profil de ronfleur et de l’efficacité des techniques.
Cent décibels. C’est le volume maximum d’un ronflement humain… mais aussi celui d’une perceuse. Rien d’étonnant donc si vous avez une peur bleue (et une légère montée d’agressivité) quand votre réveil nocturne résulte d’un compagnon ronfleur. Bonne nouvelle, le besoin a été bien identifié par les laboratoires pharmaceutiques et l’offre s’est enrichie ces dernières années pour tenter de diminuer leur impact. Moins encourageant, aucune de ces pistes n’est remboursée… Voici une petite liste de solutions à tester pour éviter que ce ronflement peu dangereux pour le sujet, nettement plus désagréable pour son compagnon/compagne mène au divorce.
Trouver les causes et changer son hygiène de vie
Mais au fait comment un humain peut produire autant de décibels disgracieux ? La faute aux tissus mous de la gorge, qui trop gros ou trop lâches, vibrent au passage de l’air. Avant de tester tous les produits gadgets ou miracles, mieux vaut consulter pour vérifier que le ronflement n’est pas un symptôme de l’apnée du sommeil, ces arrêts de la respiration qui touchent un ronfleur sur dix.
Deuxième étape de l’enquête : savoir quelles sont les causes. Certains ronfleurs dits positionnels ne ronflent que sur le dos, la langue obstrue le passage de l’air, provoquant cette vibration. Mais d’autres émettront ce doux bruit quelle que soit la position, du fait d’un voile du palais épais, des amygdales volumineuses, une luette allongée…
Illustration des sinus et du larynx, souvent impliqués dans le ronflement. – H.GREBE/SUPERSTOCK/SIPA
Trois zones sont impliquées : le nez, le voile du palais (ou la luette) et la langue. « Ces trois ronflements font un bruit spécifique, prévient le Dr Kamami, ORL à l’hôpital de Saint-Cloud. Et 80 % des ronflements viennent de la luette, seulement 50 % de la langue. » Une partie des ronfleurs cumulent donc les problèmes. Le premier réflexe, c’est de s’attaquer à son hygiène de vie : perdre du poids, limiter l’alcool le soir et les gueuletons. Pourquoi ? Quand votre corps grossit, votre langue aussi, quant à l’alcool il provoque un relâchement des tissus mous.
Sac, ceinture, balle… pour éviter de dormir sur le dos.
Si le mal n’est qu’occasionnel et lié à une position sur le dos, des techniques de grand-mère ou high-tech peuvent aider. « Pour un ronfleur positionnel, on peut proposer un harnachement qui évite que la personne bascule sur le dos », détaille Dr Gilles Besnainou, ORL à Paris et spécialiste du ronflement et de l’apnée du sommeil. On peut aussi mettre un sac à dos ou enfiler une ceinture Ronfless. Version plus home made : accrocher une balle de tennis au dos de son pyjama.
Spray pour la gorge
Avec son petit nom, « Douce nuit », un spray, promet monts et merveilles. « On asperge son palais avec ce spray à base d’huiles essentielles pour rigidifier le voile du palais, ce qui diminue les vibrations et donc le ronflement », explique le Dr Besnainou. Un remède très vendu en pharmacie… pas toujours efficace. « Les patients disent que ça marche une demi-heure car le spray est rapidement évacué par la déglutition, nuance le Dr Kamami. « L’utilisation de ce produit a pu entraîner des bronchites huileuses, c’est-à-dire que le patient se retrouve avec un dépôt d’huile dans les bronches, s’il l’utilise au long cours », renchérit le Dr Besnainou.
L’autre grande option prend la forme d’un appareil dentaire pour la nuit. Utile pour ceux dont le ronflement provient de la langue. Cette orthèse mandibulaire « provoque une propulsion de la mâchoire inférieure, à laquelle est rattachée la langue, analyse le Dr Besnainou. Avec 95 % d’efficacité, on peut parler de miracle. » Inconfortable ? « Il faut un mois pour s’y habituer, assure le médecin. A une condition de taille : il faut opter pour une orthèse faite sur mesure par l’ORL, qui protège la dentition, et non une orthèse bon marché en caoutchouc proposée en pharmacie.
Voici une orthèse mandibulaire qui permet de décaler vers l’avant la mâchoire inférieure et donc la langue. – pixabay
Voici une orthèse mandibulaire qui permet de décaler vers l’avant la mâchoire inférieure et donc la langue. – pixabay
L’orthèse pour le nez
Côté orthèse, une autre technique vient tout droit du Japon et se nomme Nastent. Cette orthèse intranasale prend la forme d’une paille qu’on enfile dans le nez jusqu’au fond de la gorge. L’air peut ainsi passer ! Verdict ? « Autant chez les Japonais elle fonctionne bien, autant chez les Européens on s’est aperçu que le Nastent était trop court, ils ont essayé de le rallonger, nuance Yves-Victor Kamami. Ce qui a entraîné des problèmes pratiques : les ronfleurs se plaignent de nausées et supportent assez mal. »
Bande nasale
Une bonne idée quand on vit dans des villes polluées et que le ronflement vient du nez. «Avec la pollution et le tabac, les muqueuses gonflent, souligne le Dr Kamami. On parle donc de nez bouché chronique, ce qui est le plus fréquent chez les jeunes ronfleurs. » Est-ce que mettre ce petit sparadrap sur le nez vous aidera à ne pas réveiller la maisonnée ? Pas sûr. « Cela ne fait que diminuer le bruit, car généralement il y a un obstacle à l’intérieur du nez», critique l’ORL.
Chirurgie
Quand le problème résonne plus fort, la chirurgie est parfois appelée à l’aide. « La chirurgie du voile du palais ne se fait plus car c’était très douloureux et peu efficace », souligne Gilles Besnainou. Pour lui, la seule chirurgie utile, c’est l’opération des amygdales. Autre piste très intéressante pour un problème de luette ou de voile, côté médico-chirurgical : la radiofréquence. Sous anesthésie locale, à l’hôpital ou au cabinet d’un ORL, « on envoie des ondes à haute fréquence qui permettent de rigidifier le voile du palais, avec des résultats intéressants pour un petit ronfleur en deux ou trois séances », reprend-il. Autre solution récente : le laser. « On fait une petite fente au milieu de la luette qui va entraîner l’arrêt de la vibration », précise Yves-Victor Kamami. Une solution plus radicale, plus durable et plus efficace : « le laser va enlever entièrement le bruit, la radiofréquence ne va faire que diminuer le ronflement et pour deux ans environ. Il faut essayer la solution qui convienne le mieux au patient. Ces deux petites opérations ont à peu près les mêmes conséquences : une petite douleur qui n’empêche ni de parler ni de manger. »
Deux techniques récentes à considérer également si le ronflement nasal dure toute l’année. « L’opération par laser ou radiofréquence est facile et pas douloureuse », promet l’ORL.