20160405 – News : Scolariser son enfant avant ses trois ans comme le préconise Najat Vallaud-Belkacem, est-ce vraiment une bonne idée ? – metronews

Faut-il mettre son enfant sur les bancs de l’école alors qu’il prononce à peine ses premiers mots ? La question agite le monde éducatif depuis de nombreuses années. Elle revient sur le devant de la scène cette semaine avec la volonté affichée par Najat Vallaud-Belkacem et Laurence Rossignol, les ministres de l’Education et de la Famille, d’accélérer son développement en France.

L’école dès deux ans, le gouvernement milite plus que jamais pour. Dès décembre 2012 dans une circulaire, il avait appelé à relancer son développement après des années de recul, notamment au nom de la lutte contre les inégalités sociales. Lundi, Najat Vallaud-Belkacem et Laurence Rossignol, qui tenaient une conférence de presse sur le sujet, en ont remis une couche. « Parce que les inégalités qui apparaissent dès les premiers moments de la vie peuvent s’installer pour très longtemps, parce qu’un enfant de 3 ans issu de milieu populaire a trois fois moins de vocabulaire qu’un enfant issu de milieu favorisé, la scolarisation des enfants les plus jeunes est au cœur des préoccupations du gouvernement », peut-on lire dans leur texte annonçant « la mobilisation de tous les acteurs » concernés.

L’objectif affiché par le candidat Hollande d’une scolarisation de 30% des tout-petits à fin 2015 reste toutefois non atteint : Najat Vallaud-Belkacem évoquait en août dernierle chiffre de 11,7% d’enfants de moins de trois ans accueillis l’an dernier dans les maternelles de France, un taux en augmentation « pour la première fois depuis plus de dix ans » (900 classes spécifiques nouvelles ayant selon elle été créées depuis le début du quinquennat). Un pourcentage plus fort dans l’éducation prioritaire : en REP, 19,3% des enfants de 2 ans sont désormais scolarisés – mais avec de grosses disparités selon les départements.
Une arme contre l’échec scolaire ?

Une volonté politique qui satisfait les associations de parents d’élèves comme la FCPE, mais aussi les syndicats enseignants comme le Snuipp-FSU, même s’il reste très critique sur les moyens qui y sont consacrés. Jointe par metronews, Isabelle Racoffier, institutrice et présidente de l’association des professeurs de maternelle (Ageem), considère elle aussi cette année avant la petite section, qui permet à l’enfant de « donner de la forme à son propre langage » par le biais du jeu ou du dessin, comme une arme contre l’échec scolaire. « Les expériences menées montrent que plus les enfants sont scolarisés jeunes, plus cet apport se maintient au CP et à l’école élémentaire, en particulier dans les milieux très déficitaires au niveau langagier, assure-telle : quand ils entrent en petite section l’année suivante, on voit les grands progrès réalisés en termes de langage et de comportement. »

La scolarisation à la sortie du berceau ne fait en revanche pas du tout l’unanimité chez les pédopsychiatres, qui jugent pour beaucoup que le taux d’encadrement et les rythmes de l’école ne sont pas adaptés aux tout-petits. « C’est une question de bon sens, nous explique ainsi la psychologue spécialisée Béatrice Copper-Royer. Avant trois ans, les enfants ont énormément besoin de petits groupes et de référents maternants pas trop dispersés, mais dans ces classes pour tout-petits, ils sont au mieux 25 enfants avec une institutrice et éventuellement une aide maternelle. Pour eux, c’est être jetés dans le grand bain alors qu’ils ne savent pas nager ». Si elle estime que cette pré-scolarisation « peut évidemment être bénéfique pour des enfants qui vivent dans un milieu familial très précaire », Béatrice Copper-Royer la juge potentiellement « angoissante pour ceux qui ont une sécurité intérieure un peu fragile ». Le débat reste loin d’être tranché.

Source : Scolariser son enfant avant ses trois ans comme le préconise Najat Vallaud-Belkacem, est-ce vraiment une bonne idée ? – metronews

5 réflexions au sujet de « 20160405 – News : Scolariser son enfant avant ses trois ans comme le préconise Najat Vallaud-Belkacem, est-ce vraiment une bonne idée ? – metronews »

  1. Perso, quand je vois notre expérience personnelle avec le monde scolaire, je ne suis pas convaincue que la précocité de l’enseignement garantisse un rééquilibrage des chances, dès lors que les enseignants recherchent avant tout à ce que tous les enfants « suivent un programme », quelque soit leur caractère, leur environnement, leur parcours. Je ne critique pas l’existence de programme car il faut un cadre et des objectifs à atteindre, mais ce qui me gêne, à un âge précoce, c’est que les différences ne sont pas forcément liées à des difficultés de l’enfant mais plus à l’ordre des apprentissages. Par exemple, j’ai souvent entendu qu’un enfant qui développait le langage d’abord pouvait développer la marche plus tardivement. D’une manière plus générale, il est illusoire de penser qu’un enfant en plein développement puisse mettre autant d’énergie à « apprendre » sur tous les sujets au même rythme.
    Je crains qu’accueillir les enfants plus tôt ne soit un prétexte supplémentaire pour décréter qu’un tel ou une telle est « en retard » et soit rapidement catalogué comme « à problème » ou « avec des retards ».

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    1. n’oublions pas l’aspect budgétaire aussi, la majorité des villes réduisent les budgets des écoles, des assistances type ATSEM etc… dans les écoles et la ils veulent leur proposer de financert l’accueil des infos plus tôt à l’école? Dans le contexte actuel je n’y crois pas 🙂 Et comme tu le dis et comme on a souvent échangé, je n’aime pas et je n’adhère pas à un seul modèle d’éducation que l’on veut nous imposer à chaque fois comme quoi tous les enfants doivent être éduqués et gérés de la même manière, on n’élève pas un robot identique à tous mais un enfant avec son individualité ( et un prochain à venir 🙂 )

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    2. Puce, je te suis dans ton raisonnement. Je vais aller juste un peu plus loin :
      « les enseignants recherchent avant tout à ce que tous les enfants « suivent un programme », quelque soit leur caractère, leur environnement, leur parcours. » + « Je crains qu’accueillir les enfants plus tôt ne soit un prétexte supplémentaire pour décréter qu’un tel ou une telle est « en retard » et soit rapidement catalogué comme « à problème » ou « avec des retards ». »
      Cela pour moi, me donne de fortes inquiétudes à savoir :
      Tout se jouant avant 3 ans, j’ai peur que l’état (pas les enseignants qui eux suivent le mouvement, et pas tous heureusement 😉 ) veut avoir pendant ces 1 an des enfants TRES TRES « malléables »… beaucoup plus malléables qu’après 3 ans ….
      Et comme tu dis, allez encore plus tôt les « cataloguer » et les orienter vers une voie qui intéresse les gouvernants et surtout avoir encore mieux « modelé » des cerveaux qui sont des buvards avant 3ans et qui suivront plus facilement une ligne de pensées 😦
      C’est le principe de « l’imprégnation » que l’on pratique avec les animaux à peine nés !

      Effectivement, cela peut éventuellement être profitable pour quelques enfants très très mal « lotis » dans leur entourage familial, et encore je n’en suis pas sûre du tout :/
      Et les crèches alors ? Elles sont adaptées aux « petits » et sont maternantes avec des petites structures rassurantes.

      J’ai l’impression de voir un film d’anticipation s’annoncer…. où on mettrait les gosses en élevage industriel comme les vaches ! 😮
      Oui je sais je vais loin, mais tu avoueras quand même qu’ il y a de quoi se poser des questions sur ce qui chatouille le cerveau de nos dirigeants (et je ne parle là ni de gauche ni de droite)

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      1. Non, je comprends, et je suis assez d’accord avec toi. Après, je ne généralise pas, il y a fort heureusement des enseignants qui savent raisonner au delà des programmes scolaires et ont cette empathie pour faire en sorte que chaque élève trouve sa place, quelqu’il soit. Malheureusement, cela fait deux ans que nous sommes concernés, et cela fait deux ans que nous n’avons pas le sentiment d’être tombé sur ce type d’enseignant. J’ai conscience de paraître exigeante, mais j’ai tellement crainte que mon fils soit dégoutté de l’école avant d’avoir démarré les gros apprentissages que je ne peux pas m’empêcher d’être protectrice !

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